Mes Racines Catalanes
Au nom des miens
Mes Racines Catalanes
« …Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit, l'intégrité de son moi. » Milan Kundera
Je ne veux pas arrêter de me souvenir de mes grands-parents, cela efface le sentiment, sans doute faux, de n’avoir pas su ou de ne pas leur avoir assez dit que je les aimais.
« La mémoire n’a pas de source, elle a des racines. »
Ardit Beqiri
Mon grand-père José, Juan, Jaime Fiol Molas né le 03/08/1889 et ma grand-mère Maria, Rosalia, Norieta Anglada Bosch née le 08/04/1893, sont tout deux originaires de Beget en Catalogne (Espagne). Ils y sont nés et ils s’y sont mariés.
De leur mariage sont nés deux filles et quatre garçons : une fille est décédée à l’âge de 9 mois de la grippe espagnole, ensuite est arrivée Françoise (17 août 1919), Etienne (19 septembre 1921), Valentin (17 novembre 1923), Jacques mon papa (24 mai 1926) et Jean (31 mai 1929).
Beget (aujourd'hui), village de naissance de Josep et Maria Fiol Anglada
On ne nous a pratiquement pas parlé du décès de la première petite fille, c’était sans doute trop douloureux et puis le reste de la fratrie ne l’avait pas connue. Je me souviens, Jacques, mon père y a fait allusion, l’oncle Jean aussi.
La famille Fiol-Anglada, s’est déplacée de ferme en ferme, là où il y avait du travail. Ils sont partis de Beget et en suivant la rivière La Muga, j’ai retrouvé les villages de naissance des 4 premiers enfants : la première petite fille a pu naître à Bassegoda, Francoise à Bassegoda en 1919, Etienne en 1921 et Valentin en 1923 sont tous deux nés à St Llorenç de la Muga, Jaume (Jacques mon papa 1926) à Agullana (près de la Junquera). Ils y sont restés jusqu’en 1929. Un enfant tous les 2 ans et ils repartaient vers une autre ferme. Puis ils ont traversé les Pyrénées, pour Bompas en France où le quatrième garçon, Jean dit « el petit » est né en 1929. C’était le seul Français de la famille !
La misère et le travail les ont poussés à aller toujours de l’avant…
Ils sont arrivés en France au bout de 10 ans, depuis Beget, avec une carriole tirée par une mule et une grande table ovale qui faisait office de pétrin lorsqu’on soulevait le dessus de la table. Ils n’avaient sans doute pas oublié la farine, les graines de semence, de l’huile d’olive, quelques vêtements et une ou deux paillasses pour dormir.
A partir de 1929, ils sont restés quelques années dans le Roussillon (Banyuls dels Aspres) où les garçons les plus jeunes (dont mon père) sont allés à l’école et ont obtenu leurs certificats d’études, ce qui à l’époque représentait un bon diplôme. Ils ont appris le français à l’école. Puis ils ont travaillé comme tâcherons maçons, dans les vignes pour la taille et les vendanges, puis dans les jardins vivriers (l’hort), rapportant leurs petits salaires pour aider la famille à vivre. Puis, les plus grands sont remontés vers le nord et se sont retrouvés en Dordogne, au Foussal à Saint Amand de Belvès, où l’aîné avait trouvé une ferme qui recrutait des ouvriers agricoles. Toute la famille est remontée. Ils y sont restés, s’y sont mariés et ont fait des enfants. C’est à ce moment-là que papa a rencontré maman. Ils se sont mariés en 1949, papa a pris la nationalité française en faisant son service militaire, maman est devenue française en épousant un « Français » ; ma soeur Jacqueline et moi sommes nées, elle en 1950 à la maternité de Belvès et moi en 1952 au Foussal à Saint Amand de Belvès.
Famille Fiol-Anglada au Foussal Saint Amand de Belvès avec 2 amis
J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour eux qui ont vécu cette vie de peu, se contentant de ce qu’ils produisaient et troquaient. J’ai toujours entendu dire que certains « patrons » étaient très humains et proposaient un logement décent. Ce n’était pas toujours le cas.
Les famille s’agrandissant, nous avons vécu, mes grands-parents, mes parents, mes deux frères (Jean-Jacques né en 1953 et Robert né en 1956), ma sœur aînée et moi ainsi que le frère de mon père, Jean qui avait épousé Rose et leurs 3 enfants, dans la même ferme de Bétou, le Pélincou à Marnac. Nous étions 13 personnes vivant sous le même toit, dont 7 enfants.
Je me souviens bien de la grande pièce dans laquelle on pénétrait en premier. C’était une grande cuisine avec un grand cantou (grande cheminée) avec un banc de part et d’autre et des chaises basses pour cuisiner, tricoter, se reposer ou passer la veillée. Une cuisinière à bois fonctionnait en permanence (elle avait un réservoir pour faire l'eau chaude) et plus tard une gazinière a été ajoutée. Il y avait une grande table avec des bancs de chaque côté et des chaises en bout de la table : 13 places. Le grand-père s’installait en bout de table, là où il y avait le tiroir pour conserver les tourtes de pain ainsi q’un grand tiroir sur le côté permettant de ranger les couverts. A l’autre bout de la table, un autre tiroir servait à ranger les serviettes de table. Un grand buffet contenait verres, vaisselle et plats. Un grand placard mural recélait l’alimentaire du quotidien. Un éclairage central, avec un abat-jour émaillé et un système qui permettait de régler la hauteur, était la seule source de lumière le soir venu. Le poste radio TSF, était posé sur une étagère «pour être à hauteur d’écoute».
Au plafond, pendaient des jambons, des saucissons, du boudin, du lard, les ventrèches, les derniers stigmates du « tue cochon » ! Il y avait un escalier qui montait au grenier et dessous on y pendait poëles, casseroles et on y rangeait les nombreuses cocottes et marmites. Sur les marches, chacun rangeait ses chaussures. Les « esclops » les sabots et les bottes restaient dehors ainsi que le chien ! De part et d’autre de cette pièce à vivre, il y avait deux chambres de chaque côté (quatre en tout) chauffées l’hiver avec des poêles à bois. On se répartissait par famille et par chambre.
L’évier en pierre n’avait pas l’eau courante ! L’eau courante a été installée dans tout le village de Marnac en 1971 ! Mais il y avait bien de l’eau qui arrivait à la grange. L’installation d’eau courante (privée) du château était réservée au châtelains et aux animaux ! On allait donc chercher l’eau avec des seaux au robinet « des vaches ». L’eau de vaisselle, 100% « eau brûlante » était gardée pour les cochons… en fait ils mangeaient comme nous !
Je vous laisse imaginer la lessive pour une famille de 13 personnes : les draps, les vêtements et tout le reste. Lessiveuse pour faire bouillir le blanc. Savon de Marseille, brosse et huile de coude pour le reste. La seule chose positive et notable était que le lavoir était à 1km et demi de la maison certes mais c’était une source d’eau chaude qui l’alimentait. L’hiver ça fumait mais ce n’est que longtemps après qu’on a fait le lien avec la source de « Caudefond » (littéralement source chaude). Je me rappelle les lessiveuses sur les brouettes ou carrément sur la remorque tirée par le cheval ou le tracteur plus tard.
La toilette s’effectuait dans des grandes bassines ou tubs. Filles et garçons séparés. Le lavage des cheveux pour les filles était « sportif ». Evidemment on avait les cheveux longs. Les casseroles d’eau chauffaient et le dernier rinçage suivait le massage au vinaigre de vin! Nous n’avons jamais eu de poux. L’été, la toilette devenait un amusement. On allait à la Dordogne avec le savon de Marseille et le shampooing Dop !
C’était aussi le règne de la cabane au fond du jardin et des pots d’aisance dont chacun avait la responsabilité !
Mon père et mon oncle s’adressaient à leurs parents en catalan en disant « Vous ». Les grands-parents nous parlaient catalans, on leur répondait en français. Nous comprenions le catalan, aussi je me souviens de quelques conversations, le soir venu quand ils étaient au lit. Avec ma sœur, nous dormions dans la chambre à côté. Ils égrenaient leurs souvenirs de jeunesse, de la famille restée là-bas, les noms de lieux où ils avaient vécu, les noms des vivants, les noms de ceux qui étaient enterrés de l’autre côté des Pyrénées. Je me souviens, ils pleuraient en évoquant les parents décédés et enterrés à Beget. On n’emmène pas ses morts quand on part pour chercher du travail dans un autre pays. Le grand drame dont nous nous souvenons a été le décès de tonton Valentin. Il avait quitté le Foussal (Saint Amand de Belvès), pour s’installer à Villelongue dels Monts (66) pour se marier avec Séraphine qu’il avait rencontrée quand ils étaient dans le Roussillon. Nous étions petits mais voir les grands-parents et nos parents entièrement vêtus de noir, pleurer a été très dur. Notre cousine Josette, la seule fille de Valentin et Séraphine a tout se suite été considérée comme une sœur de plus. Nos liens sont très forts. Chaque voyage en Catalogne permettait et permet toujours de se recueillir et de fleurir la tombe de ce tonton qu’on avait très peu connu. Pépé et Mémé exprimaient leur chagrin chaque fois qu’ils s’y rendaient.
Mes grands-parents Fiol, n’ont pas pu revenir en « Espagne » tant que Franco et le franquisme régnaient sur l’Espagne. Nous, la famille de nationalité française, avons pu y revenir tous les ans, avec nos parents.
On ne savait pas pourquoi mais chaque fois, on tremblait au passage de la douane. On apportait des nouvelles, des cadeaux pour les petits et les grands et on ramenait des nouvelles de cette immense famille et l’air du pays à Pépé et Mémé. Je me souviens, nous ramenions des « nissous » ces petits bonbons ronds et blancs au goût d’anis à Mémé. Elle en raffolait. Plus tard, avec ma sœur aînée, on a accompagné Pépé et Mémé, en train. Nous avons rencontré des frères et sœurs de Pépé et Mémé, les oncles et les tantes, les cousins… de mon père mais on ne savait pas bien si c’était du côté de Mémé ou du côté de Pépé. Tant pis ou tant mieux, c’était notre grande famille catalane.
On a adopté les gourmandises du Roussillon et de Catalogne : les rousquilles blanches comme le sommet du Canigou, le petits bonbons ronds et blancs parfumés à l’anis (les nissous), les nougats noirs ou blancs, le touron (d'huile d'amandes douces - amandes en poudre - du sucre - des jaunes d'œuf - de l’eau - un peu d'huile). Ça collait aux dents, c’était très sucré mais c’était bon !
Comme nous avons vécu ensemble avec nos grands-parents, nous avons pu leur prouver notre attachement et notre amour. Se réfugier sur la falda (les genoux) de Mémé au moindre chagrin… hum… que c’était bon. On embrassait ses belles joues douces, elle sentait bon l’eau de Cologne, on adorait la voir se coiffer et faire son chignon ; ses cheveux à peine gris, lui tombaient jusqu’au fond du dos. Le meilleur pour nous, c’est quand on leur apportait une tisane ou une bûche pour le poêle à bois, quand ils s’étaient « refroidis », comme ils disaient. Mémé souffrait de bronhites chroniques et il fallait souvent lui mettre des cataplasmes ou des ventouses. Dans ce cas-là, Pépé ne quittait pas Mémé. Ces deux-là ils ont vécu une sacrée histoire d’amour.
Marie et Joseph (Maria i Josep)
C’est dans ces moments qu’on a appris l’utilisation et les vertus des plantes « médicinales », les tisanes de thym, « l’aiga bolida » (prononcer aïgo bulido), une soupe à l’ail et à la sauge, Mémé ajoutait 2 branches de thym frais. Aujourd’hui on appelle cela une soupe « détox » ou la soupe « qui refait » après fêtes ! Moi, je continue à faire mon aiga bulida pour le plaisir !
Les brûlures étaient appaisées avec l’intérieur d’une pomme de terre coupée en deux, attachée par un bout de bande. La trousse de premiers secours consistait en des préparations à base de pétales de fleurs de lys blancs séchés et macérés dans de l’alcool pour les blessures ou les panaris et dans de l’huile pour les brûlures. J’en fais encore aujourd’hui et ça fonctionne très bien, d’ailleurs on retrouve des recettes sur Internet. Dans le jardin, il y avait un coin réservé aux lys blancs. On ne les cueillait jamais pour faire des bouquets, c’était une plante utile ! Mémé Maria faisait souvent une tisane de « touffes » de maïs (lo blat d’Inda), qu’on appelle cheveux ou barbes de maïs. On ne savait pas trop à quoi ça lui servait mais aujourd’hui, j’ai découvert que ça se pratique encore : « en tisane, effet diurétique ».
Et les recettes simples et si goûteuses : en premier l’aïoli montée dans le mortier en bois d’olivier. Aïoli c’est de l’ail et de l’huile (ail i oli). La couleur est blanche. Je vais vous dire un secret, si elle est jaune, c’est qu’on l’a rattrapée avec un jaune d’œuf ! Et l’ouillade (l’oullada en catalan qu’on faisait cuire dans l’ouille) : une soupe avec le talon du jambon et tous les légumes de saison) mitonnée dans la marmite en fonte accrochée à la crémaillère ; elle faisait aussi la « pilota ou pelota » sorte de mique mais plus fine et ovale, le ragoût de pommes de terre aux cèpes séchés, les pommes de terre farcies, le riz à la tomate avec des morceaux de lapin, les pommes au four. Il fallait que les quantités soient importantes ! Je pense qu’il fallait bien 2 ou 3 poulets pour un repas ! D’autant que, vous avez dû le remarquer aussi, dans les familles nombreuses, il y a toujours de la place pour les invités de dernière minute! On se tassait sur les bancs et on ajoutait des assiettes.
On élevait 3 ou 4 cochons pour se nourrir toute l’année. Ils étaient tués et transformés sur place. « Tout est bon dans le cochon du groin à la queue ». Il y avait aussi des poules, des poulets, des canards, des dindons, des canards à gaver, des dindes, des lapins, des moutons et des agneaux, des vaches et des veaux. L’arche de Noé ! Le jardin fournissait de quoi faire des conserves de légumes à profusion. On n’achetait pas de légumes. Il y avait les légumes de printemps, d’été et ceux d’hiver. L’été notre production de melons régalaient aussi les voisins. Les melons moyens de goût étaient le dessert des cochons !
Le jardin de Pépé était un modèle d’écologie moderne. Du compost dans un coin du jardin, des petites rigoles au milieu des rangées de légumes qu’il alimentait à l’arrosoir matin et soir. Les racines étaient arrosées avec 2 ou 3 arrosoirs, pas plus.
Et « les quatre heures » ! Merci Mémé ! Du pain perdu pour les grosses journées, une frotte à l’ail, un « pan tourat ou pan i tomata » pain grillé à la cheminée frotté à l’ail et couvert de la pulpe d’une tomate bien mûre et dessus le filet d’huile d’olive « qui va bien », la tartine de grillons, les tartines de confiture de prunes, « le trempil » d’été : un peu de vin léger (de piquette) sucré mélangé à de l’eau dans lequel on met à tremper des morceaux de pain. Quelle merveille !
Nous, les enfants, chacun en fonction de notre âge, participions aux travaux des champs ou partions avec Pépé garder les moutons. Les filles aidaient Mémé. Les mamans étaient aussi aux champs. C’était plus une coopérative familiale que du travail imposé aux enfants. D’ailleurs, on avait conscience d’apporter notre pierre à l’édifice.
Pépé Joseph, devait exercer l’autorité grand-parentale quand nos parents étaient aux champs. Il prenait un air sévère et ça filait doux ! Il avait du caractère… il était très politisé et anticlérical. L’heure des informations au poste de radio était sacrée. La marmaille n’avait plus le droit d’ouvrir la bouche si ce n’est pour manger. Le général de Gaulle était copieusement baptisé et ne parlons pas de Franco… Je me souviens d’une expression de colère du Pépé, « Ostia ou Hostia » qui correspondait bien à son anticléricalisme ! On respectait sa colère ou sa contrariété qui était forcément légitime puisque c’était Pépé! Mémé Marie était croyante mais non démonstrative. Sa vie a été faite de discrétion, de diplomatie, d’attention et d’amour.
Nous avons eu la chance de profiter d’eux au quotidien jusqu’à notre adolescence où les études nous ont conduits ailleurs. Mais les retours, aux vacances, étaient des moments que l’on appréciait et dont on se régalait.
Comme je le disais, ils sont arrivés en France en 1929. Là, ils ont écouté tous les évènements espagnols à la radio… la République, la guerre civile et Franco… Les liaisons étaient difficiles, ils avaient de temps en temps, des nouvelles par la famille qui était restée dans le Roussillon.
Marie et Joseph, papa, maman, oncles et tantes, à jamais dans nos cœurs.
Petite leçon d’histoire : Pour être complète, j’ai voulu donner le contexte politique au-de là des Pyrénées
Le contexte historique espagnol au moment où ils passent la frontière
« Au début des années 30, l’Espagne est une monarchie de 24 millions d’habitants. Deux « Espagne » s’opposent. La première est traditionnelle. Elle s’appuie sur le monde rural (2 millions d’agriculteurs), mais surtout sur le Clergé. Fidèles au message du Pape, la hiérarchie catholique et les prêtres défendent une société basée sur la foi religieuse, la tradition, la discipline et la propriété. La seconde est moderne. Elle s’appuie sur le monde ouvrier et les villes. Elle tire ses racines des luttes révolutionnaires successives, commencées au XIXème siècle par les nationalistes insurgés contre l’envahisseur Napoléon. Elle défend la libre pensée et le choix individuel, mais aussi la collectivisation agraire en matière économique. »
La République est proclamée à Barcelone, de même que dans les grandes villes d’Espagne, du fait que les Républicains alliés aux socialistes ont gagné ces élections. Le roi Alphonse XIII quitte le pays. Un gouvernement régional autonome, La Generalitat de Catalunya, est constitué. Il est chargé d’élaborer un statut d’autonomie qui devra être approuvé par le peuple catalan puis par les Certes, le Parlement siégeant à Madrid. Le statut est adopté en 1932. En février 1936, Le Front Populaire, El Frente Popular, gagne les élections législatives. Le “Soulèvement National” décide de mettre fin aux tentatives “révolutionnaires”, la Guerre Civile débute le 18 juillet 1936 et ne s’achèvera que le 29 mars 1939….
Le contexte catalan :
En 1814, l’Espagne recouvre son indépendance et Ferdinand VII règne en monarque absolu. La province se modernise au rythme de la Révolution industrielle, notamment dans la deuxième moitié du siècle, comme le reste de l’Europe du Nord-Ouest. La bourgeoisie urbaine s’oppose alors à la société paysanne traditionnelle et surtout, il naît un mouvement ouvrier qui, pendant longtemps dans une Espagne déchirée par les conflits de succession au trône, se limitera au pays catalan. Dès le début du XXème siècle, La Lliga Regionalista entend arriver à l’autodétermination de la Catalogne. La région est agitée du fait du mouvement catalaniste et de celui du mécontentement des masses populaires urbaines qui veulent améliorer leurs conditions de vie particulièrement misérables à l’époque. En 1931, un nouveau Parti, La Esquerra Republicana de Catalunya, remporte les élections municipales.
Comment Franco est arrivé au pouvoir
« Le 19 avril 1937 est la date exacte de naissance de l'État franquiste. Ce jour-là, la Phalange, révolutionnaire et antimonarchiste, est liée à la Comunión Tradicionalista carliste monarchiste et absolutiste, c'est-à-dire à l'exact opposé dans le spectre des mouvements de droite, pour former le parti unitaire Falange Española Tradicionalista y de las JONS. Cette union originale d'un mouvement révolutionnaire avec un réactionnaire arrive sous l'action du beau-frère de Franco, Ramón Serrano Súñer, qui lui-même n'appartient ni à la Phalange, ni aux carlistes, mais à la CEDA. Serrano a proposé l'union à Franco, car d'après lui, aucune des fractions participant à la coalition ne correspond aux « nécessités du moment ». Lui-même devient, sur le souhait de Franco, le premier secrétaire général du nouveau parti et s'occupe d'en coordonner les diverses parties. Il n'y arrive cependant pas complètement, parce que certains des phalangistes ne veulent pas suivre le nouveau cap. Néanmoins, les organisations précédemment indépendantes laissent l'union se constituer, parce que Franco leur met en perspective une participation au pouvoir après la fin de la guerre civile.
« Le mépris olympien que ressentait Franco pour les Espagnols, pour ses amis et ses ennemis, s'est exprimé dès le début dans la conception de l'État à la tête duquel il se désigna. Soutenu par un conglomérat confus de fascistes qui se nomment « phalangistes » (c.à.d. républicains et syndicalistes), « traditionalistes » (carlistes enracinés dans la religion) et Juntas de ofensiva nacional sindicalista (nazis sauce à l'ail), il pétrit tout ce monde comme une pâte à pain, l'âme en paix, pour faire une Falange Española Tradicionalista y de las JONS. Peut-on imaginer une plus grande vexation infligée à ces trois groupes aux idéologies fondamentalement différentes ? Mais ils l'ont écouté sans frémir, puis enthousiasmés, parce qu'il s'agissait pour eux de rien moins qu'un pouvoir politique, à usage exclusif et monopoliste. » Madariaga 1979
« Tandis que la gauche se retrouve divisée sur presque toutes les questions importantes, la droite se retrouve de plus en plus resserrée ».
Mes oncles n’ont pas hésité, ils se sont engagés dans la Résistance française.
Comment oublier ce que vous avez vécu ? La mémoire est notre force.
« L’Histoire se répète, car personne n’écoutait la première fois. »
Anonyme
Gina