Le Massepain et le Pain d'œuf de Mémé Maria
Le massepain
(dessert qui se rapproche le plus du gâteau de Savoie)
Si vous demandez à ma fratrie, quel est le gâteau qui accompagnait les grandes tablées de Pâques ou de la fête du village, ils vous répondront en chœur, « Le massepain ».
Je m’arrête un instant sur ces souvenirs. Mes grans-parents, mes parents et la famille de mon oncle Jeannot étaient métayers au château de Bétou. Nous habitions tous ensemble (6 adultes et 7 enfants). Vous comprenez que la cuisine et la confection des repas occupaient une grande partie de la journée des femmes!
On produisait tout : le blé, le maïs et les betteraves pour nourrir le bétail, les légumes pour nous et on élevait des poules, canards, dindons, lapins, moutons, vaches et cochons,… Et on cultivait un immense potager avec des légumes toute l'année.
Jusque dans les années 60, on troquait avec le meunier et le boulanger, une quantité de blé, contre la farine puis contre le pain. A chaque pain livré correspondait une entaille dans une règle en bois. C’était bien calculé, le blé fourni nous assurait du pain pour l’année. (Mais on gardait toujours la bonne quantité de semence pour l'année suivante. C'était en l'an AM : avant Monsento).
Et c’est là qu’intervient mon Massepain ! Car à ces deux occasions, Pâques et la fête du village, on donnait 2 ou 3 douzaines d’œufs au boulanger pour qu’il nous confectionne avec la farine qu'il avait, les fameux gâteaux. Des gâteaux épais et généreux, très légers et avec un goût inimitable. La croûte blanchie du dessus était croquante et l’intérieur était très souple ! Tiens, je ressens encore l’odeur de ce gâteau.
On ne faisait jamais le massepain, on le faisait faire. C’était la tradition.
Pour accompagner ces massepains, Mémé Maria faisait ce qu’elle appelait « un Pa d’ous, un Pain d’œufs en français», sorte d’œufs au lait cuit à la cheminée. C’était une sorte de flan qu’elle mettait dans une terrine puis dans un récipient contenant de l’eau chaude puis elle déposait le tout sur le trépied qui recouvrait un tapis de braises, dans la cheminée. (Aujourd’hui on le fait au four à chaleur tournante !)
Pour ce pain d’œufs et pour 13 personnes, elle mettait :
2 litres de lait de notre ferme (circuit court !)
250 g de sucre
160 g de sucre pour le caramel
12 œufs de la ferme (circuit court !)
Elle parfumait avec de l’anisette.
Dans mon souvenir elle faisait un caramel déglacé avec un peu de café et elle incorporait le mélange, lait, œufs, sucre, et anisette.
Elle avait ramené cette recette de sa Catalogne natale et perpétuait son Pain d'oeufs en France pour faire plaisir à son mari, ses enfants, ses belles-filles, à ses petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Merci Mémé. Du grand art !
Aujourd’hui si vous demandez au restaurant en Catalogne, un « Pa d’ous », on vous servira une crème dite catalane. Vous avez remarqué, la crème catalane est devenue un incontournable dessert de bistrot, restaurant ou brasserie dans toute la France! On m’a même dit, qu’on n’utilisait plus qu’une poudre, que l’on délaie dans du lait lui-même déshydraté et reconstitué avec de l'eau? Je n'ai pas vérifié mais... Un coup de chalumeau sur le sucre et voilà votre crème « Tricastel » !!!! Rien à voir avec le Pain d’œufs de Mémé.