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La soupe de fèves de Mémé Maria

LA SOUPE

 

 

 

La soupe de fèves de Mémé Maria

 

La soupe de fèves de Mémé Maria commençait au jardin car c’est elle et Pépé Josep qui semaient les fèves. Ils avaient fait sécher des fèves de l’an passé pour la semence de l’année. Circuit court !

Des fèves séchées étaient aussi conservées pour en manger jusqu’à la prochaine récolte. Le cassoulet aux fèves, je suis née avec !

Je vous raconterai leur arrivée en France en 1929, avec des graines de semences (avant que Monsento truste et dépouille les paysans), du blé, la table-pétrin qui s’ouvrait pour pétrir le pain et certainement un matelas. Le tout attaché sur une charrette et Mémé qui était enceinte de leur dernier enfant qui sera le seul né en France. Il y en avait déjà 4 plus grands. Je n’oublierai jamais d’où vous venez. La table-pétrin est notre Totem.

 

Au jardin, les premières fèves étaient scrutées afin que la cosse soit bien garnie. Mémé les ramassait et les mettait directement dans son « davantal ». Le petit tablier qui protégeait le grand tablier ! Au passage, elle arrachait quelques pommes de terre nouvelles, de l’aillet et de l’oignon nouveau (elle appelait ça l’oignonne). Le davantal débordait !

Aussitôt cueillies, aussitôt écossées et les légumes préparés.

La cocotte était déjà sur le bord de la cuisinière à bois. La graisse de canard et les oignons murmuraient. Ah l’odeur dans cette cuisine ! Elle ajoutait quelques pommes de terre nouvelles pelées et coupées en morceau puis les fèves, l’oignon nouveau, l’aillet, le cèleri perpétuel (un chapitre lui sera consacré avec les aromates), 2 cuillerées à soupe de farine. Le tout était bien « touillé » et elle ajoutait l’eau chaude tout en remuant. Une fois que le premier frémissement se produisait, elle couvrait la cocotte qui allait mijoter jusqu’au moment de « tremper la soupe ». Une soupe de fèves qui revendique ce nom doit contenir beaucoup de fèves et …. avoir une touche de notre secret de famille…

Vers 11 heures Mémé versait la soupe de fèves dans la plus grande soupière garnie de lamelles de pain rassis. Elle remettait le couvercle et la soupière était placée sous un édredon afin d’infuser et de la garder au chaud. Cette pratique que j’ai connue, permettait aux femmes de faire la soupe de fèves très tôt le matin et de glisser la soupière sous l’édredon. A midi, la soupe pouvait être servie.

Et là, je vais vous dévoiler le secret de famille transmis par Mémé Maria puis par maman Sylvia. Ce qu’entre nous, nous appelons «  le secret des Soubeyran » ! « Le pétassou ». Chez nous, c’est le goût suprême, c’est la Signature. Le pétassou est un morceau particulier du gras de canard que l’on conserve dans un bocal rempli de gros sel.

Un bocal de « pétassous » peut vous faire jusqu’à 5 ans, conservé au réfrigérateur ! Un quinquennat quoi ! Car il en faut très peu, la valeur d’une fève à peu près.

Au moment de « faire les canards gras », maman faisait des bocaux de pétassous pour toute la famille. Sans oublier les pots de graisse de canard qu’elle nous remettait comme un cadeau. Elle nous passait le relais, elle nous transmettait.

J’en aurai à vous raconter sur cette période de « tuage » de canard, parce que cela coïncidait avec le tuage du cochon. Vous imaginez la qualité des produits que nous possédions et que nous mangions! Ce sera le sujet d'un prochain article...



31/05/2021
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